Historique SCALP Limoges (1991-2001)

Histoire de pas trop aller dans l'inconnu, nous vous proposons un historique du SCALP Limoges, de ses débuts  jusqu'au débuts 2000. C'est l'historique parut dans les deux premiers numéros de Dernière Virée (bulletin de propagande du SCALP Limoges).
Pour les versions PDF (bulletin complet, avec images) :
Dernière Virée 1

Dernière Virée 2
Dernière Virée 3


Historique du SCALP Partie 1/2

    On a tout raconté sur le Scalp. La plupart du temps n’importe quoi. Quand les réformards de tout poil glosaient sur sa violence, d’autres grandes gueules, dans le même élan lui reprochaient sa mollesse. Pas assez ceci, trop cela… le Scalp fait parler.
    Ce bref historique fait le point sur un groupe qui n’a à rougir de rien et qui assène
sa façon de penser sans calcul ni peur.
    Le Scalp (Section Carrément Anti-Le Pen) est né à Limoges en 1991, pendant la
guerre du Golfe, dans les manifs. L’apathie généralisée face à la guerre contraste avec le dynamisme d’une poignée de jeunes, dont la rencontre va vite déboucher sur le Scalp.

    Idéologiquement, il rassemble des anarchistes, des
communistes et des autonomes. Leur point commun réside à la fois dans un rejet de la politique politicienne et ses magouilles, et dans un refus catégorique de la banalisation de l’extrême droite et de ses résurgences dans la société, y compris dans la classe politique qui récupère sans vergogne le discours raciste du front. Le mot d’ordre est simple : harceler par tous les moyens les tenants du racisme, et leur interdire toute expression.
    Culturellement, le groupe compte parmi ses membres des activistes de la scène punk/hardcore, et de ce que l’on peut appeler la scène alternative, dans son acception la plus vive et libre. Le principe du DIY (Do It Yourself) en est le moteur.

    En somme, le Scalp de Limoges est en de nombreux points semblable à d’autres groupes qui existent à la même époque et avec lesquels il noue des liens (on peut citer Toulouse, Nantes, Paris ou Bordeaux).

Bien vite au coté de Convergence Libertaire, le groupe anarchiste limougeaud, le Scalp multiplie les apparitions.
Au fil du temps, on peut, à titre d’exemples, en retracer quelques unes. Il y en eu des centaines, mais certaines ne se racontent pas, elles se vivent.

    - En 1991, la manifestation contre la venue de Bruno Mégret, à l’Aérotel, rassemble un millier de personnes, et
contraint le numéro 2 du FN (à l’époque) à un meeting protégé par des bataillons de CRS, et quelques 5 heures de retard (son avion ayant été contraint de se poser à Angoulême !).

    - En 1992, c’est le Castel Marie, où la jeunesse rebelle va affronter police
et service d’ordre du Front pendant une soirée entière. La violence s’abat sur les manifestants. Le bilan est lourd (une vingtaine de blessés), mais le diner-débat à l’appel de Carl Lang est une débâcle historique. La tristesse est grande pour les camarades blessés, mais la hargne est plus forte encore. Tous ceux qui ont connu cette manif en gardent un souvenir impérissable.

    - En 1993, et comme chaque année, le Scalp investit la Place de la République
pour une journée de concert et de lutte. Le 10 mai, les fascistes ont coutume de déposer une gerbe en l’honneur de Jeanne d’Arc. Dès le matin la coutume fait long feu, aidée en cela par nos contondantes aspirations. Un concert en plein air regroupant l’Attentat Sonore et Désert Culturel scelle la contre-offensive. Lajournée est une réussite terrible.

    - En 1994, le scalp participe à la
fronde contre le « smic-jeune ». L’ambiance est bonne et dynamique. Quelques boneheads en feront les frais, et seront contraints d’apprendre les mérites de la course à pied.

    - Quelques mois après, c’est Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, qui se
heurte au Scalp, en tentant de tenir une conférence à la fac de Lettres. Cette provocation ulcère les étudiants qui se massent en nombre dès le début de l’après-midi. La suite s’apparente à une des plus belles danses du Scalp qu’on ait connu. OEufs pourris, pétards, portes dégondées, alarmes déclenchées, claques pour les nervis sous les yeux d’une police impuissante… Pasqua, retranché près de la fac ne décolère pas. Il est contraint d’annuler. Ce soir-là, la fac est au Scalp et le racisme n’y rentre pas !


HISTORIQUE DU SCALP PARTIE 2/2

    - En 1995, la ville rougit de colère : un jeune est noyé par des boneheads pendant le défilé du FN, le 1er mai à Paris. Spontanément une manifestation se forme, et 600 personnes crient leur haine du racisme dans les rues. En tête de manif, une banderole immense figurant un iroquois. Un slogan « pas de quartiers pour les fachos ». Quelques personnes isolées sortent du cortège et vont même jusqu’à transformer l’officine du leader régional du MNR en camp retranché, en recouvrant sa vitrine de peinture rouge symbole du sang versé.

    - Puis c’est la Grève. Un mouvement comme on en n’a pas connu depuis des années. La ville est paralysée. Le Scalp occupe les facs avec l’aide de L’Agel (camarades de toujours). Les soirées se succèdent, dans une ambiance de fête et de luttes. Les manifs sont tentaculaires, et rassemblent près de 35000 personnes. On s’aperçoit que lorsqu’un vrai projet social voit le jour, les travailleurs retrouvent leur conscience de classe et les fascistes sont muets. C’est l’enseignement principal de cette aventure.

    - En 1998, Bruno Mégret inaugure une permanence flambant neuve en plein centre-ville. A l’appel des indiens métropolitains, c’est une masse imposante de manifestants qui s’amoncelle devant le siège du MNR. Bien vite la violence s’embrase quand les nervis d’extrême droite gazent la foule, allant jusqu’à blesser un enfant qui sortait de l’école. Les pompiers ont du mal à intervenir, ce qui ne freine pas la sécurité mégrétiste dans sa folle entreprise. L’affrontement durera quelques heures, transformant la place des Carmes en zone de guerre. Aux charges policières réplique la détermination extrême des manifestants. On pense à Mégret coincé dans sa permanence vide. Finalement, et comme à chaque fois dans cette ville, l’antifascisme radical montrera son utilité, faisant d’une messe d’extrême droite une joyeuse kermesse colorée.

    - En 1999, le groupe se dote d’une vitrine publique, en ouvrant la Cordonnerie, un local/bar associatif, et prouve une bonne fois pour toutes que l’on peut arriver à ses fins sans aucune aide ni subventions. Autogéré, ce lieu rassemble des sensibilités diverses, militantes ou pas, réunies par des projets communs (expos, débats, soirées, …) autour d’une même volonté anticapitaliste et autonome.

    - En 2000, et comme une récompense à toutes ces années de luttes, le Scalp participe à l’élaboration d’un concert antifasciste, anticapitaliste et antisexiste, montrant à tous que la mouvance Redskin est présente, vivante et organisée.

    Les Orties, Bolchoï, Ya Basta et la Brigada Flores Magon tiennent la scène devant un parterre de plusieurs centaines de personnes, dans une ambiance des plus fiévreuse. Pogo avec les loups. L’alternative et le refus de tout compromis sont donc possibles. Cette nuit-là marquera les mémoires et donnera le ton pour les années à venir !
    On ne peut refermer ce rapide tour d’horizon sans évoquer le soutien complet et indéfectible aux chômeurs, notamment lors du mouvement de 98, ou aux sans-papiers, dans les manifs comme dans les occupations, contre les embarquements forcés en charters comme devant les tribunaux.

    On pourrait multiplier les anecdotes. Mais ce serait lever complètement le voile sur une nébuleuse qui a ses petits secrets et qui entend bien les garder.
    Peut-être ceux qui ont assisté à ces tranches de luttes ne se retrouveront pas dans l’appréciation qui en est faite. Tant pis. Elles n’engagent que la vision de son auteur et l’honnêteté avec laquelle il les a transmises.
    On peut reprocher des tas de choses au Scalp. A tort ou à raison. Mais on ne lui enlèvera jamais la spontanéité et la sincérité qui font que jamais il n’a obéit à d’autres lois qu’aux siennes.
Pour finir, une pensée émue et fraternelle (eh oui carrément) pour tous ceux et celles qui ont fait un jour partie de la grande aventure du Scalp à Limoges.

    Après 10 ans d’existence, un bilan serait inutile, tant nous vivons dans l’instant présent. Si l’on devait définir le Scalp en un mot ce pourrait être ainsi : le Scalp est un moyen qui se révèle seul, par l’action. Ce n’est pas un parti, pas un gang, pas une secte : c’est un besoin!
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